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Saint-Léger, la croix Bauge

Durant sa période hivernale, le Musée laisse la parole à divers témoins de Gaume pour évoquer un lieu, un monument, un personnage, une activité, une anecdote locale dans chacune de nos 10 communes. Chaque semaine, la plume est donnée à l’un de nos correspondants locaux.

Cette semaine, c’est le Cercle de Recherche et d’Histoire de Saint-Léger en Gaume qui nous parle de la croix Bauge à Saint-Léger : mais qui donc a érigé la croix Bauge ?

C’est la question que peut se poser celui qui circule sur la grand-route à la sortie du village de Saint-Léger en direction de Virton. Ce beau monument se dresse en bordure d’un champ cultivé et surplombe le talus de la voirie.

Diverses interprétations figurent dans la littérature à son sujet entre 1887 et 1995. Elles ne sont pas vraiment unanimes sur l’origine de cette croix monumentale se détachant dans le paysage agricole du village. Une étude publiée récemment sous la signature de feu Julien Rongvaux dans la Chronique « Au Fil du Ton » du Cercle de Recherche et d’Histoire de Saint-Léger (n° 61 – automne 2021) apporte un nouvel éclairage à cette question.

Le premier auteur à décrire la Croix Bauge n’est autre que l’historien Godefroid Kurth en 1887. Il est vrai qu’il fréquente, puis épouse une des filles du meunier Lavaux aux moulins de la Paix, dont les installations font face au monument. Il le décrit comme suit dans son « Glossaire Toponymique » : belle croix de pierre avec piédestal qui s’élève au bord de la route d’Arlon à Virton au lieu-dit « Flavolette » et qui porte la date de 1827 ; on dit qu’elle doit son nom à celui qui l’a érigée.

Le flou subsiste sur son commanditaire. Plus récemment, en 1964, un étudiant du village, Jean-Marie Pierre, dans un inventaire quasi exhaustif des croix de Saint-Léger indique : c’est une belle et haute croix de pierre avec piédestal (…) ; si le monument devait être beau lors de son inauguration, il est à présent couvert de mousse (!); ce calvaire doit son nom à celui qui l’a érigé, probablement Michel Bauge, alors propriétaire du moulin de la Paix.

S’il attribue le monument à un certain Michel Bauge, il précise cependant la qualité de celui-ci de manière erronée. Il n’est en effet pas propriétaire du moulin, alors aux mains de la famille Picard depuis 1792 et jusqu’en 1847. Intéressons-nous maintenant à une troisième source : l’Inventaire du Patrimoine Monumental de Belgique, publié en 1995 pour ce qui concerne l’arrondissement de Virton. Sous la plume d’Isabelle Tellier, historienne de l’Art, on découvre une description architecturale détaillée de la croix, mais aucune précision sur son origine !

C’est finalement le dépouillement d’un registre des passeports émis par la commune de Saint-Léger entre 1801 et 1852 qui a permis de comprendre l’origine du monument et de retracer le parcours de Michel Boche, en mémoire duquel il a été érigé : « Marie- Catherine Gérard, née en 1766 était l’épouse de Michel Schreder, marchand voyageur et aubergiste à Saint-Léger. Elle exploitait l’auberge pendant les voyages de son mari. Lors du décès de Michel Schreder en 1806, elle se trouva seule à devoir élever une famille de cinq enfants. Elle se remaria dès l’année suivante avec Jean-Michel Boche, marchand voyageur lui aussi. Il était né à Morfontaine (canton de Longwy). J.-M. Boche est décédé le 7 avril 1825, à la sortie de Saint-Léger sur la route de Virton à l’âge de 49 ans. Deux ans plus tard, sa veuve a fait ériger une croix à cet endroit, monument connu actuellement sous la dénomination de « Croix Bauge ».

Le Cercle de Recherche et d’Histoire de Saint-Léger en Gaume

Illustration : La croix Bauge, Saint-Léger

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